Pourquoi je souhaite une victoire du oui en Grèce ! - Main contents
Je respecte le vote souverain du peuple grec, mais mon sentiment est clair : je souhaite la victoire du oui dimanche. Parce que je tiens à ce destin européen. Parce que ce serait le choix le plus cohérent avec la volonté de l'immense majorité des Grecs de voir leur pays continuer d'appartenir à l'euro. Parce que ce serait le vote le plus ouvert et le plus porteur d'avenir. Le oui arrimera la Grèce au continent. Le oui facilitera la négociation qui doit reprendre et lui donnera un socle commun.
Pourquoi je souhaite une victoire du oui en Grèce !
Beaucoup de citoyens, de responsables politiques ou de journalistes me parlent de la Grèce ces derniers jours.
Beaucoup de citoyens, de responsables politiques ou de journalistes me parlent de la Grèce ces derniers jours. Une impression domine : le gâchis - pour les Grecs, pour la zone euro, pour l'idéal européen. Je partage en partie ce constat d’occasions ratées et de rendez-vous manqués ces derniers mois.
En décembre 2014, je consacrais ma première visite comme Commissaire européen à la Grèce, pour témoigner la solidarité de la nouvelle Commission.
En décembre 2014, je consacrais ma première visite comme Commissaire européen à la Grèce, pour témoigner la solidarité de la nouvelle Commission. A l'époque, le pays avait une des plus fortes perspectives de croissance de la zone euro. Nous étions à deux doigts - et à quelques jours - d’un accord pour enfin conclure le programme d’assistance financière et tourner la page de la troïka. L’avenir semblait à nouveau ouvert au peuple grec, durement marqué par cinq années de récession économique et sociale. Les efforts de beaucoup et les sacrifices de certains portaient leurs fruits et le pays semblait pouvoir repartir sur des bases économiques plus saines.
Je ne vais pas refaire ici l’histoire de ce retournement dramatique des évènements en six mois. Les responsabilités sont multiples.
En six mois, ce scénario optimiste s’est totalement retourné. Le pays a perdu de son potentiel de croissance, pour entrer de nouveau en récession, et les ouvertures vers de nouvelles opportunités sont devenues des impasses économiques et sociales dont il faudra bien sortir. La Grèce semble isolée sur la scène européenne. Son appartenance à l’euro est mise en question comme au pires heures de la crise. Je ne vais pas refaire ici l’histoire de ce retournement dramatique des évènements en six mois. Les responsabilités sont multiples.
Je pense fermement, je veux sincèrement, je souhaite ardemment que la Grèce conserve toute sa place en Europe, et dans l'euro.
Mon esprit est aujourd’hui tourné vers l’avenir du peuple grec. Car il y aura un lendemain au referendum grec pour le pays, et ce lendemain sera européen. Je le dis depuis plusieurs mois. Et je crois nécessaire de le redire simplement à quelques heures d’un vote important pour la nation grecque : je pense fermement, je veux sincèrement, je souhaite ardemment que la Grèce conserve toute sa place en Europe, et dans l'euro.
Voilà pourquoi je souhaite une victoire du oui dimanche soir.
Mais, je pense aujourd'hui avec une sincère tristesse au peuple grec, à mes amis grecs. Ils sont les victimes collatérales de jeux politiques - au sens le plus froid du terme - qu'ils n'ont pas choisis. C'est pourtant à eux que l'addition sera présentée. Six mois de retournements, de coups tacticiens, de poker menteur, d'entêtements idéologiques, de calculs à courte vue, et de logique jusque-boutiste avec en toile de fond des frictions dans la grande tectonique des plaques entre droite et gauche européennes: voilà ce qui s'est passé.
La Commission a joué son rôle de facilitateur, de bâtisseur de compromis.
La Commission a refusé de jouer ce jeu-là. Elle a joué son rôle de facilitateur, de bâtisseur de compromis. Elle l'a fait avec constance, jusqu'à la dernière minute, en lien constant avec les autres institutions- Fonds monétaire internationale et Banque centrale européenne - et sous mandat de l'Eurogroupe. Nos équipes s'y sont totalement investi, j'y ai consacré beaucoup de mon temps et de mon énergie aux côtés du Président.
Au lendemain du référendum, dès lundi, tout le monde devra élever son niveau de jeu.
Au lendemain du référendum, dès lundi, tout le monde devra élever son niveau de jeu. Lundi, les besoins de financement grecs ne se seront pas évaporés. Lundi, la nécessité pour le pays de se doter d'une administration publique fonctionnelle n'aura pas disparu. Lundi, l'exigence de réformes profondes pour rendre l'économie grecque plus performante, pour lui permettre de créer de la croissance et de l'emploi, sera toujours d'actualité. Lundi, l'obligation d'écrire ensemble le destin européen de la Grèce sera de nouveau notre responsabilité commune.
Mais je veux dire les choses tout aussi clairement, contre certaines Cassandre : quels que soient les résultats du référendum lundi matin, le rayonnement culturel de la Grèce et son positionnement géostratégique ne prendront pas fin avec ce référendum. Notre aventure commune, notre destin partagé non plus.
Le oui arrimera la Grèce au continent. Le oui facilitera la négociation qui doit reprendre et lui donnera un socle commun.
Je respecte le vote souverain du peuple grec, mais mon sentiment est clair : je souhaite la victoire du oui dimanche. Parce que je tiens à ce destin européen. Parce que ce serait le choix le plus cohérent avec la volonté de l'immense majorité des Grecs de voir leur pays continuer d'appartenir à l'euro. Parce que ce serait le vote le plus ouvert et le plus porteur d'avenir. Le oui arrimera la Grèce au continent. Le oui facilitera la négociation qui doit reprendre et lui donnera un socle commun. Un non serait un signal négatif au reste de l’Europe, que certains exploiteraient trop facilement pour déconstruire notre maison commune.
J'espère avant tout que ce oui ramènera au cœur des négociations ce qui a fait défaut jusqu'à présent : un sursaut de volonté politique au nom de la démocratie européenne. Comme le disait mon cher Léon Blum: “je l'espère et je le crois, je le crois parce que je l'espère”.
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